« Cette chute aurait pu nous coûter le podium, mais on a su tirer notre épingle du jeu »
Revivez la course du Bol d’Or en immersion au sein du Team Moto Ain.
Samedi 10h00 :
Team junior et grandes ambitions. Pour sa première saison dans la catégorie reine de l’endurance, l’EWC, le Team Moto Ain s’est offert un podium au Bol d’Or. Les deux premières courses de la saison avaient montré le potentiel du Team. Aux 24h du Mans Moto, les premières heures de courses ont démontré le niveau de compétitivité du Team avant qu’une panne électrique les contraignent à abandonner. Sur le circuit de Estoril (P), le Team Moto Ain est monté en puissance en rentrant dans le TOP 5.
C’est plein d’entrain, d’envie et de détermination que le team est arrivé sur le circuit du Castellet (F), avec un seul objectif : le podium.
Un début de course solide
Samedi 12h00 :
Après un départ pris en 11ème position par Randy de Puniet, les premières heures de course se déroulent sans soucis. Les pilotes sont concentrés et motivés, l’ambiance dans le box est très sérieuse. L’attente du 2ème pilote sur la pit-lane, le team prêt à stopper la moto, à changer les roues et à remplir le réservoir laisse planer une certaine tension, l’instant de quelques minutes. Le changement de roue, qu’on appelle le fast change doit être géré avec précision pour ne pas perdre une seconde. 7 secondes, c’est le temps qu’il faut au team Moto Ain pour changer les roues lors d’un pit-stop. Chaque seconde compte pour le team qui risque sa place au classement général à tout moment.
C’est pendant ces quelques secondes de relais que les pilotes peuvent échanger entre eux. C’est le debrief essentiel pour connaître le ressenti sur piste, les virages, la maniabilité de la moto et tout ce qui est important pour la course, avant de repartir.
Une nuit sous tension
Samedi 21h00 :
La nuit est tombée sur le Circuit Paul Ricard (F) et les prévisions météo avaient vu juste : la pluie viendra jouer les trouble-fêtes.
Samedi 00h00 :
La fatigue commence à se faire sentir, malgré l’adrénaline de la course les mécaniciens et les pilotes doivent redoubler d’effort pour rester concentrés.
Samedi 01h00 :
L’ambiance dans le box devient lourde et tendue. Chaque chute annoncée au micro laisse planer une atmosphère stressante dans le box. Les yeux rivés sur les écrans, à l’écoute du moindre détail donné par les commentateurs. Chaque fois que la moto 96 apparaît dans ligne droite c’est un soulagement pour toute l’équipe. A partir de 2 heures du matin, face à la pluie, les pilotes décident d’un commun accord de doubler leurs relais. Cette stratégie a permis aux pilotes d’optimiser leur trajectoire au fil des passages et de mieux appréhender les conditions de piste.
02h00 :
Le Team Moto Ain devient plus rapide, ils remontent au classement général.
La fatigue se lit sur les visages des pilotes. Le team semble éreinté, des siestes de 15 minutes sont improvisées tout au long de la nuit, dans le box, sur un fauteuil, ou par terre.
Jusqu’ici le Team Moto Ain faisait une course solide, alors même que beaucoup de concurrents étaient contraints d’abandonner. Il est 3 heures du matin : problème électrique sur la moto. L’adrénaline a réveillé les mécaniciens un peu engourdis par le manque de sommeil. Tout le monde s’affaire, chacun connait sa tâche et en 3 minutes 50 la moto peut repartir. L’endurance est une véritable prouesse pour les hommes et la machine. Le pilote repart, on sent un soulagement commun dans le box numéro 15.
Dernière ligne droite
A quelques heures de la fin de la course, le team maintient sa 2ème place depuis maintenant plusieurs heures. Il est 13h30, il reste 1h30 de course. Randy De Puniet en plein interview dans le box, entend des cris d’étonnement, de suspens et de panique autour de lui. Il voit tout le monde se lever, sous tension, et se préparer au pire, il accourt devant les écrans, cherchant à comprendre ce qu’il se passe. Robin Mulhauser, qui est en train de faire son relais, chute avec la moto, mais se relève rapidement. De très longues minutes pour le team, les yeux rivés sur les écrans.
C’est finalement Roberto Rolfo qui finira la course sur la moto. Les 5 dernières minutes ont été les minutes les plus longues de ces 24h. La tension se ressent dans le box. Plus personne ne parle, tous les regards sont fixés sur les écrans. Pierre Chapuis, team manager et Romie, coordinatrice du team sont les premiers à ne plus bouger et à ne plus dire un mot. Les 24 heures sonnent, mais la course n’est pas finie. Robert Rolfo doit passer la ligne d’arrivée avant que tout le monde puisse traverser la pit-lane pour célébrer cette deuxième place sur le podium des 24h du Bol d’Or !
Il reste 30 secondes, les pilotes, Robin et Randy sont dans le box, ils attendent leur coéquipier. C’est l’arrivée, ces 24 heures sont finies, Roberto a passé la ligne. Tout le monde court sur la pit-lane, applaudit et crie de joie. Les gens sautent, monte sur les barrières pour applaudir Roberto, tout le team célèbre cette deuxième place qui a le gout de la victoire pour le team privé. Les 24h sont finies, ils sont arrivés au bout. Tout le monde s’embrasse, se félicite. C’est une émulation de joie mais surtout le plein d’émotions, de sourires et de pleurs.